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Aux yeux de mon entourage, je suis plutôt du genre exemplaire en la matière. Je traque le déchet partout et quand je n’arrive pas à l’éviter, je le transforme souvent pour m’en servir dans un autre but.
Ainsi, depuis des années :
Je trimballe partout avec moi une gourde et un sac
réutilisable (très peu encombrant mais très solide).
J’achète en vrac pâtes, riz, légumineuses, fruits secs, thé,
café, fruits et légumes.
Je fais (sans machine) mon pain, mes yaourts, mes gâteaux,
gâteaux apéritif, compotes, confitures, conserves, purées et soupes, mes
sauces, parfois mon fromage.
Je n’ai jamais acheté un plat préparé de ma vie
(à part une pizza de temps en temps et ça doit se compter sur les doigts de la
main, et évidemment sauf quand je mange à l'extérieur).
J’utilise de l’huile végétale et un gant pour me
démaquiller, juste de l’huile pour hydrater ma peau, un savon plutôt que du gel
douche, une coupe menstruelle plutôt que des tampons ou des serviettes
hygiéniques, des mouchoirs en tissu plutôt que des mouchoirs en papier.
Je fabrique mon dentifrice.
J’utilise le verso des feuilles imprimées en papier
brouillon.
Une très large majorité des objets que j’achète sont
d’occasion.
Je répare à tout-va.
Bref, tous ces gestes font que c’est autant de déchets en
moins qui atterrissent dans ma poubelle.
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Vous êtes impressionné-e ?
Vous ne devriez pas.
Non seulement tout ce que je fais est extrêmement facile à
appliquer et à la portée de tous mais en plus je suis vraiment une petite
joueuse en la matière.
Parce qu’il y a Bea Johnson.
La papesse de la vie sans déchet.
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Quand j’ai découvert son blog Zero Waste Home il y a deux
ans, j’en ai lu d’une traite tous les articles. A l’époque, cette française,
habitant la Californie avec son mari américain et leurs deux fils, témoignait
depuis peu de temps sur la toile de ses expériences de réduction des déchets
dans la vie de tous les jours. Lire les tips qu’elle y donnait et le
cheminement qui l’avait amené à une telle aventure m’ont ravie. C’était comme
découvrir une copine de lutte contre les déchets de l’autre côté de l’océan. Je
me suis fortement retenue de lui envoyer un message ridicule du genre
« Hey Bea ! Si tu savais comme je suis contente de découvrir ce que
tu fais et excitée à l’idée d’avoir une copine de déchets aux
States ! » . Ridicule, on en convient.
D’autant que je ne lui arrive pas à la cheville. Parce
que la famille Johnson, c’est du High
Level.
Son objectif : ZERO déchet. Rien que ça. Et pour ce
faire, la petite famille de 2 adultes, 2 enfants et un chien, a bouté hors de
chez elle TOUT ce qui peut en produire.
Aux 3R bien connus des écolos, Reuse, Reduce, Recycle (Réutiliser,
Réduire, Recycler), Bea Johnson en ajoute un 4ème qu’elle place
devant les autres : Refuse et un
5ème en dernier lieu : Rot (littéralement Pourrir mais en
l’occurrence Composter est plus
approprié). Et elle précise : seulement
dans cet ordre.
Résultat : les déchets de l’année 2012 de cette famille
franco-américaine tiennent dans un bocal de 1 litre.
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Bea Johnson, son mari, leurs 2 fils et leur bocal de déchets |
C’est environ 600 fois moins qu’un français lambda (1).
Oui.
Autant vous dire qu’on a du boulot.
Aujourd’hui, Bea Johnson est en passe de devenir une sommité
de la vie écolo aux Etats-Unis (bien
qu’elle ne souhaite pas se définir ainsi : elle le dit elle-même, elle
prend l’avion tous les ans pour venir voir sa famille en France et pour rien au
monde elle ne s’en priverait. Son truc à elle, c’est de vivre sans produire de
déchet ou quasiment pas. Point.).
Et ce qu’elle fait
commence tout juste à être relayé en France : un très bon article de
Anne-Sophie Novel sur son blog du Monde il y a quelques mois, un autre dans
Paris Match cette semaine… Un livre qui vient de paraître aux Etats-Unis,
bientôt publié en français. L’expérience Zero Waste Home commence à se répandre
comme une traînée de poudre et ça m’enchante.
Parce que Bea Johnson a su communiquer de manière très
simple et très concrète sur les alternatives qu’elle a trouvées pour pallier à
toutes les situations de la vie courante qui nous font produire des déchets. Et
elle est suffisamment sympa pour nous dévoiler ses recettes.
Le désormais célèbre placard de cuisine des Johnson. N'est-il pas photogénique ? |
Vraiment, quand on prend connaissance de son expérience, on
réalise que non seulement c’est facile _ il suffit de changer quelques
habitudes et de trouver les bonnes adresses autour de chez soi et une fois que
c’est fait, ça roule _ et la vie devient
plus respectueuse de l’environnement mais aussi plus simple et moins chère.
Vous l’aurez compris : mon avis est que le mode de vie
des Johnson ne devrait pas être une exception.
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le nouveau féminin éco-pratique |
Hasard du calendrier ou pas, c'est aussi durant cette semaine à Paris que j’ai eu la chance de pouvoir
assister à la projection privée d’un documentaire qui sortira dans quelques
mois sur les écrans : SUPER TRASH de Martin Esposito.
Comme toute personne passionnée par un sujet en particulier,
j’ai acquis un certain nombre de connaissances en matière de
déchets et j'ai eu l'occasion de voir des images choc, de celles qui restent souvent cachées et qu’il faut prendre la peine d’aller chercher pour découvrir ce qu’elles révèlent. Je me sentais d’attaque à voir les images
réalisées par Martin Esposito lors de son immersion de deux ans dans une décharge du Sud de la France. Même pas peur. Et on avait
beau m’avoir prévenue que le film me secouerait, en toute honnêteté, j’étais un
peu dubitative.
Et pourtant….
La décharge où a été tourné SUPER TRASH. Je n'arrive pas à inclure la vidéo mais vous pouvez voir le teaser ICI. |
Je suis ressortie de la projection dégoûtée. Réellement. Et
en colère.
En quelques minutes j’ai décidé de m’y mettre également.
Ce qui m’a donné envie de vomir n’est pas de la
responsabilité directe des consommateurs, mais relève plutôt des instances
publiques. Seulement, continuer à inonder de déchets nos décharges et centres d’incinération
alimente ce système nauséabond et participe à sa défaillance. Je n’ai pas la
stupidité de croire qu’arrêter de produire des déchets à mon échelle va changer
la face monde. Par contre, je suis convaincue que le faire et en parler peut en
amener d’autres à réfléchir sérieusement à la question. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.
J’ai sous les yeux l’excellent exemple de Bea Johnson et de sa famille que je
vois vivre une vie simple et confortable depuis des années sans devoir remplir
une poubelle toutes les semaines. Je sais que c’est faisable. Alors pourquoi
s’en priver ?
Vivre confortablement en ne produisant quasiment pas de
déchet est tout à fait possible, comme beaucoup de choses il s’agit avant tout
de volonté.
Comme d’autres, j’ai déjà mis en place certaines pratiques
qui font désormais partie de mon quotidien et qui me permettent de descendre ma
poubelle rarement plus d’une fois par mois. Mais j’ai encore beaucoup à faire.
En tout premier lieu : réintégrer un lombricompost dans
mon appartement. Oui, jettez-moi vos épluchures : j’ai lâchement abandonné
le mien l’été dernier quand j’ai subi une invasion de drosophiles dont les
derniers spécimens sont morts en novembre. 3 mois à avoir des micro-mouches
dans l’appartement : il est clair qu’il y a quelque chose que j’ai mal fait, je
ne sais pas quoi, mais il va falloir reprendre cette expérience de
lombricompost très rapidement.
Trouver des alternatives aux coton-tiges, aux éponges, aux
conditionnements en papier, carton, verre ou plastique du bicarbonate de soude,
du vinaigre blanc, du cacao en poudre, des farines, de l’huile, de la moutarde,
des cornichons, du lait, du beurre, du sel, du poivre, des jus de fruits de
Partner, des lames de rasoir, de la plaquette de pilule…
Je ne doute pas de trouver les solutions, il faut juste
prendre le temps de les chercher.
Comme le dit si justement Shabnam, copine experte des alternatives écologiques : « Il
y a plus de solutions que de problèmes ».
J’y crois à fond.
Je vais vous raconter tout ça. Les galères, ou pas, les
solutions, les casse-têtes…
Vous voulez que je vous dise ce qui m’inquiète
le plus pour le moment ?
Le scotch.
J’envoie souvent des colis. Sans scotch, je ne vois pas encore comment faire.
Si vous avez des
idées je suis preneuse !
Et vous, quel est le déchet qui vous semble le plus compliqué à
éliminer de votre vie ? Une vie zéro déchet ça vous semble envisageable ?
Trop extrême ?