mercredi 30 janvier 2013

Et si la maison brûlait ? Qu’est-ce que vous sauveriez (à part votre peau) ?



Vous est-il déjà arrivé de rêver que votre home sweet home se faisait dévorer par les flammes ? 

Depuis un an que j’habite mon appartement, ce rêve est devenu bizarrement très récurrent. Pas de psychologie de comptoir s’il vous plaît, je pense que ceci est dû à deux choses très concrètes : 1) il y a eu un impressionnant incendie dans l’immeuble en face du mien l’année passée, 2) je m’absente régulièrement plusieurs jours d’affilée et allez savoir pourquoi j’ai l’impression que si j’étais sur place j’aurais plus de chance d’empêcher un tel désastre (sensation sans doute due à des superpouvoirs que je ne n’ai pas encore révélés, ni au grand jour, ni à moi-même)

Je tiens à préciser le choix sémantique du mot "rêve" plutôt que "cauchemar" que certains d’entre vous pourraient me suggérer d’employer. Le fait est que je ne rêve pas qu’il y ait des gens en train de périr dans mon appartement en flammes, ou que je doive m’en échapper, ou même que mes voisins soient en péril du fait de leur proximité avec le feu, non, je visualise seulement mon appartement brûlé. Donc il s’agit uniquement d’une histoire de dégâts matériels. Ce qui en soit ne me terrifie pas suffisamment pour que cela puisse générer chez moi une quelconque angoisse : je suis du genre à vivre léger, à voyager léger, à préférer les gens, les endroits et les aliments aux choses. 

De fait, je n’ai pas de biens qui revêtent une quelconque valeur matérielle,  même pas un écran plat dis donc, quasiment tout ce qui m’appartient a appartenu à quelqu’un d’autre avant moi et j’ai réduit le nombre de mes possessions de manière significative (je peux même faire mon déménagement en une matinée, mise en cartons comprise, je le jure). Donc l’angoisse d’une perte financière due à un incendie, je ne connais pas. 

Mais j’ai beau vivre un mode de vie assez minimaliste, à continuellement me délester depuis plusieurs années des biens accumulés avec le temps, il y a quand même certains objets auxquels je suis profondément attachée. 

Evidemment, je survivrais à leur perte. Mais ils me manqueraient.


Je me suis donc posé la question : ces objets que je voudrais sauver des flammes, quels sont-ils ?

La réponse en image.

_ un sac en cuir, qui me vient de ma mère et que j’utilise tous les jours depuis des années
_ 3 galets, ramassés sur la plage d’une des îles d’Aran, en mer irlandaise
_ une écharpe, ramenée d’Ecosse par mes parents quand j’étais enfant
_ 3 carnets : des travaux graphiques et photographiques réalisés il y a quelques années + 1 carnet de citations
_ des photos
_ un portefeuille en cuir, qui me vient de ma mère
_ 3 pièces en argent de 100F, offertes par ma grand-mère paternelle
_ une montre, offerte par mon père
_ un bol , dans lequel j’ai bu des litres de chocolat chaud chez mes grands-parents maternels
_ un disque dur externe qui contient vies personnelle et professionnelle
_ un furoshiki, fabriqué par ma sœur


 Au quotidien, je me sers du sac, du disque dur, les galets sont sur mon bureau et le carnet de citations reste à portée de main. Le reste est emballé dans le furoshiki  et posé près de la porte d’entrée (ma sœur ayant eût la riche de m’en faire 2 identiques, je me sers du deuxième pour emballer et transporter diverses choses).



Pourtant, j’ai beau posséder peu d’objets et habiter dans un espace désencombré, j’ai quand même mis quelque temps à être sûre de mon choix. A savoir ce qui était vraiment déterminant pour moi, quels étaient ces objets qui me servaient de repères. 

L’intérêt d’un tel exercice c’est qu’il vous fait prendre conscience de la réelle valeur que vous apportez aux choses : pour moi, une valeur essentiellement sentimentale ; et de la part identitaire qu’ils véhiculent : ce sont des symboles se rapportant à des gens qui comptent et qui ont fait ce que je suis aujourd’hui, mais aussi à des périodes très constructives : enfance, productions universitaires et professionnelles, voyages…

Ces quelques objets que je choisirais de sauver des flammes sont particulièrement représentatifs de la personne que je suis.  Ils sont des marqueurs concrets de mon histoire, et, sans les revêtir de caractère sacré, je crois que si tous devaient être détruits dans un incendie, je me sentirais un peu perdue sans eux….jusqu’à ce que je me « fabrique » de nouveaux objets-totems au gré des rencontres et des expériences à venir.

 Tout le monde en aurait fait de même, me suis-je dis. Tout le monde aurait choisi de sauver des objets irremplaçables : des souvenirs de personnes et de moments importants.


source


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Que nenni.

Un projet photographique sur ce thème a été lancé il y a quelques années : The Burning House. Et en parcourant le Tumblr  qui lui est dédié,  que des centaines de personnes d’âges et de pays différents alimentent, je découvre avec stupeur que certains sont d’un pragmatisme ou d’une originalité à toute épreuve.

Il y a celles qui pensent à prendre une culotte propre, ou du déodorant, voire du vernis à ongles


Un paquet de cigarettes pour s’en griller une en regardant flamber l’appart ?


Celui qui a dessiné un plan pour s’enfuir au plus vite. 


Celui qui n’emporte que de la nourriture


Et même juste une part de pizza, tiens.


Ou bien une tranche du royal cake du royal wedding de Kate & William (oui, dans la boîte blanche).

Ceux qui pensent devoir se battre pour survivre dehors
Et ceux qui se disent que ça pourrait être utile d’armer une milice.


Il y a celui qui pense même avoir le temps de faire venir un camion de déménagement.


Et puis il y a les minimalistes.


Celui qui sauve ses biens les plus chers, et on le comprend bien.

Celle qui finalement se dit que non, juste ça.


Celui qui finalement se dit que non, rien. Et qui explique très bien pourquoi.


Enfin il y a celles et ceux qui pensent évidemment en priorité à ce qui est parfaitement irremplaçable et sans valeur quantifiable.


" Tout est remplaçable, sauf ma fille"


Hum, de quoi remettre les choses en perspective tout ça, non ? 

Moi qui croyais que tout le monde voudrait emporter avec soi des petits bouts de son histoire, je découvre que certains sont suffisamment forts dans leur tête pour être sûrs de se reconstruire après un tel épisode sans avoir pour béquilles des choses de plastique et de papier.  

Et que tout est relatif. 
Chacun choisit ses priorités.

Certains sont prêts à tout perdre, et ça ne les inquiète pas plus que ça.

Parce que finalement, la réponse à « Et si la maison brûlait ? Qu’est-ce que vous sauveriez ? », ça ne serait pas plutôt cette autre question ?

De toute façon, si tu n’as pas le temps de prendre avec toi quoi que ce soit, il faudra bien que tu fasses sans, non ? 


Et la vie continuera malgré tout.


Bin oui.


Et vous que seriez-vous prêts à laisser au feu ? ou pas…

5 commentaires:

  1. Alerte au tsunami : j'ai pris les passeports, un gilet pour les enfants, leur doudou préféré, mon disque dur externe miniature, de l'eau, un paquet de gateau et on est partis sur les hauteurs...
    En attendant l'hypothétique vague, on se disait que l'essentiel était sauvé : les enfants.
    Heureusement, le tsunami n'a pas eu lieu.

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    1. Merci pour votre témoignage. Comme vous le dites, quand on a 2 secondes pour réfléchir, le seul réflexe qui compte c'est d'essayer de faire en sorte que tout le monde soit sauf. Ravie de lire que c'était une fausse alerte !

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  2. Étrange, hier mon compagnon partait pour la nuit et je n'aime pas être seule et j'ai préparé ce que je sauverais s'il y avait le feu en son absence, rien à part la cage du véto de mon chat pour le fourrer dedans si un truc grave arrivait. Bon je n'ai pas d'enfants sinon je les prendrais eux mais tout ça pour dire que non en effet rien n'est très important chez moi à part ceux qui y vient pourtant j'en ai du brol... Je ne suis pas sûre pourtant que mon compagnon accepte de faire le grand saut vers le minimalisme lui qui a plus d'une centaines de bandes-dessinées et continue de faire grandir sa collection. Mais je vais essayer de le convaincre!
    Merci pour ce blog

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    1. Vivre avec un collectionneur quand on aspire au minimalisme, c'est peu dire que c'est pas évident ! Mais pour autant, on ne peut pas aller à l'encontre de la personnalité de l'autre et se désencombrer est un cheminement qui est propre à chacun, qui ne s'impose pas. Peut-être que voir les bénéfices que vous tirez d'un tel mode de vie vous l'amener petit à petit à se poser des questions par rapport à tout ça. Et peut-être que garder une collection de bd n'est finalement pas si grave :). Personnellement, je crains bien plus les appartements qui débordent de choses censées être utiles mais qui en fait ne le sont pas :).

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  3. Un objet souvenir a précisément pour vocation de réactiver un souvenir qu'on pourrait perdre si l'on perd aussi cet objet. Chacun est libre de se débarrasser de ses souvenirs mais chacun devrait pouvoir décider pour lui-même de ce qu'il peut se permettre d'oublier, non ?

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